Il y a quelques semaines j’ai suivi une formation intitulée « Écriture et réécriture ». Il s’agissait de pasticher les illustres critiques qui ont donné de la voix sur ce tableau au demeurant tout à fait particulier.
La Raie de Chardin a fait couler beaucoup d’encre, dont l’encre de stylos autrement plus connus que le mien. Au rang de ces critiques peu ordinaires, nous trouvons : Diderot, Sainte-Beuve, Proust et Francis Ponge.
La méthode demande de procéder en deux temps :
- Travail individuel : écrire quelques lignes sur ses premières impressions.
- Travail de groupe : caviarder le texte d’un auteur pour faire un pastiche.
Si l’exercice semble facile au premier abord, il n’en est rien en réalité. Pasticher le texte d’un auteur demande une analyse rigoureuse tant des thèses défendues par celui-ci que de son style. L’imitation, en fait, c’est drôlement difficile !
Proust s’était d’ailleurs spécialisé dans les pastiches à l’époque où il peinait à trouver son style, cela lui a permis de voir ce qui lui allait et ce qu’il détestait. Ce n’est pas pour rien qu’on fait écrire les élèves « à la manière de » en cours de français : pasticher c’est aussi une façon de trouver sa voix.
Le texte de Diderot n’était clairement pas mon préféré, mais – loi du groupe oblige – je me suis pliée au choix du plus grand nombre. Les idées sont collectives cependant je me suis essentiellement chargée du travail de stylistique, c’est pourquoi je me sens assez libre de partager le texte ici. Le résultat ne paraît pas si mal, et la méthode m’a semblé plutôt inspirante pour quiconque souhaite jouer un peu avec l’écriture.
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Chardin, votre art dégage une atmosphère réaliste : « [raie inanimée, vases, tasses, bouteilles, pain, vin, eau, raisins, fruits, des pâtés] » : pas de préciosité ou de maniérisme ! Vous savez vous effacer devant le vrai ! L’harmonie de vos lignes et couleurs concurrencent au Créateur le don singulier d’insuffler aux objets inanimés la force vitale qui saura nous toucher. Votre trait plein d’humilité excelle à éclairer de sa vérité ceux que notre regard aurait voulu ignorer voire mépriser pour leur rendre charme et dignité. « La présence d’un homme, d’un cheval, d’un animal, ne détruit point l’effet d’un bout de roche, dur arbre, dur ruisseau ». Sans être là, vous êtes présent : « expliquez nous cela » !
Alors, qu’en pensez-vous ? Le style dithyrambique de Diderot est-il assez bien imité ?